L’exposition de la petite histoire dans la grande de la première Guerre Mondiale

A l’occasion des commémorations marquant le centenaire de l’armistice du 11 novembre 1918, la Ville de Crolles vous invite à une plongée sensible et intimiste dans l’Histoire de la première Guerre Mondiale, racontée par ceux qui l’ont vécue. Découvrez des correspondances inédites, des photographies d’époque, des objets qui ont traversé le temps, et qui vous dévoileront la petite histoire dans la grande.

 

Tout commence par un fragment d’histoire familiale, celle de Monique Mereu, née en 1942.

Alors qu’elle recherche des affaires dans le garage de ses parents, elle  se retrouve avec dans les mains un vieux portefeuille, celui de sa grand-mère. A l’intérieur, une lettre soigneusement pliée, talquée dans laquelle est délicatement glissé un petit brin de buis. Cette lettre, c’est celle de son grand-père rarement évoqué par les siens dans ses souvenirs.  Elle est très émue ; elle vient de faire sa connaissance. Elle découvre l’histoire de cet homme, celle d’un jeune soldat père de trois enfants et mort en 1915 sur le front. Elle réalise dès lors combien son histoire familiale a du être marquée par le destin brisé de sa grand-mère, veuve de guerre qui ne s’est jamais remariée et qui a élevé seule ses trois enfants avec, tout près de son cœur et durant toute sa vie, la lettre de son époux…

Les documents d’archives  confiés par Monique Mereu  restituent cette histoire. Ils témoignent aussi du rôle important de l’UMAC après la guerre et dont nous fêtons cette année les 100 ans.

Rendez-vous donc au Projo à partir du 11 novembre pour découvrir ces trésors familiaux rassemblés par le service Archives et patrimoine de la Ville de Crolles.

 

LETTRE DU FRONT DE

Justin BOURGEAT

Du Mollard à St Agnès

A sa femme Valérie

Dimanche 28 mars 1915

 

Ma chère Valérie,

Je t’écris ces deux mots aujourd’hui. Nous somme rentrés à nouveau dans les tranchées ce matin Jour des Rameaux. Nous, nous n’apprécions guère les jours de fêtes et le dimanche, si ce n’est qu’aujourd’hui nous avons eu le plaisir de voir passer dans notre tranchée un aumônier qui nous a serré la main à tous, en nous offrant une cigarette et en même temps ils nous a donné à tous une branche de buis qu’il avait bénie le matin à la messe. Je t‘en envoie un bout, que tu conserveras comme souvenir de ce jour.

Je regrette bien que nous soyons partis ce matin de Cayeux. J’aurai pu assister à la messe, surtout aujourd’hui que c’est fête ! Il a dû y avoir beaucoup de monde car ici, dans la Somme on respecte bien mieux le Dimanche que dans l’Isère.

J’ai vu que plusieurs dimanches où je me trouvais en repos, l’Eglise était bien pleine de monde et tous chantaient ensemble. Je peux te dire que nous aimions tous bien y aller. J’ai aussi remarqué dans tous les villages et à tous les embranchements  des routes, on voit des jolies croix, portant toutes un crucifix, entourées de grands arbres. On voit qu’il ya longtemps que ça existe. Enfin, c’est pour te dire que Dieu n’est pas oublié et je crois que la religion va se relever mieux que jamais. Tout le monde se rend compte maintenant que sans la religion, il n’est pas possible de pouvoir vivre en paix. Donc ma chère famille unissons-nous tous pour lui demander qu’il nous protège, et qu’il nous donne bientôt le plaisir de nous voir.

Je n’ai pas grand ‘chose à te dire pour le moment : que je me porte très bien. J’espère que ma lettre vous trouvera de même.

J’ai reçu ta dernière lettre, datée du 24, comme tu me dis, le pays est toujours bien triste. Enfin, gardons toujours bon espoir et bon courage.

En attendant de prochaines nouvelles, reçois les meilleures amitiés de ton époux,

Justin